la profondeur je la connaissais
déjà
maintenant je nage en surface
je m'aplatis jusqu'à n'être
qu'une
fine couche de peau
comme si le tatouage était
l'être.
Le tatouage n'est que surface
décoration tableau mural de l'âme.
Cachés derrière les couches
de béton du mur de béton
de la brique du mur de briques
de la pierre du mur de pierres
derrière la coquille de ces murs
le feu la braise l'oiseau
sa cage ouverte et puis son chant
le soleil l'infini l'espace le
temps
la pluie le grand-père et l'eau
fraîche de la rosée.
Derrière il y a la lune et l'oliphant
Derrière je joue de la trompette
et je m'éveille en te caressant.
On m'a appris la
superficialité
la profondeur je la connaissais
déjà
maintenant je nage en surface je
m'aplatis jusqu'à n'être qu'une
fine couche de peau
comme si le tatouage était l'être
comme si le tatouage était
l'être.
La chance
La chance d'être là d'être ici
enfant pour toujours dans cette danse de l'imaginaire
la chance que j'ai d'avoir accès
à l'éternel de mon vivant
J'y entre j'y sors comme dans un
moulin
je retourne dedans et j'y moud mon
grain.
Quelle chance j'ai d'accéder à
l'éternel parce que j'y crois que je le vois que je le sens
dans toutes mes pores dès que je
lui laisse m'effleurer les sens et la raison.
Quelle chance j'ai d'accéder à
toute cette vie
d'avoir tiré le gros lot de
l'immensité confort maison
chaleur même en hiver où je suis
née et où
j'ai porté mes premières mitaines
Quelle chance j'ai
Quelle chance j'ai même un pyjama
La chance d'être là d'être ici
enfant pour toujours.
Je me projette comme
dans une fusée parce que
toutes les portes de mon ciel
sont ouvertes.
Quelle chance
Les trous du ciel mènent à la lumière.
La beauté du moment
le précieux de la tristesse
le généreux de la joie.
Créer des moments
Récolter des moments
Répandre des moments
Offrir des moments
Étirer des moments
Faire jaillir des moments
Illuminer des moments
Je voudrais que ma pierre tombale
soit suspendue à un ballon
et ne touche pas terre.
J'ai laissé mon aplatissement
mon aplaventrisme mon
terre-à-terreur
mon aigreur ma négritude de
servitude
mon boulevard Charest de
poussière
ma grisaille mes devoirs la
viande de porc
mon corps de surface mon
élongation musculaire
mon lumbago mon winnebago
ma vaisselle mon beau-frère pis
son jeep.
J'ai laissé mon numéro de
téléphone à l'entrée et
je suis entrée toute nue dans le
pavillon de la poésie pure.
Ici le temps ici l'esprit ici
l'espoir l'espérance le vivant.
J'ai laissé ma peau de surface au
vestiaire et
tu me vois chair tu me vois
ventre tu me vois éther.
Tu me vois.
Vous êtes des pensées vous êtes
des sentiments vous êtes des émotions vous êtes à l'intérieur vous êtes de
l'intérieur vous vivez ensemble à l'intérieur vous êtes distinctes mais en
interaction vous bougez chacune à votre façon mais vous êtes attachées vous
êtes interaction vous êtes vous êtes vous êtes.
Vous êtes des pensées vous êtes
des sentiments vous êtes des émotions vous êtes.
Je réclame le droit
de briller le droit de grandir
le droit d'ensoleiller
d'éclabousser
de brûler d'éclater de jouir
Je réclame un grand rassemblement
au bord de l'eau
au-dessus duquel nous ferons
exploser
tous mes feux de profondice.
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