On dit aussi que dans l’art, le plus intime touche à l’universel.
Comme dans l’amour, le choix du modèle commence par une attirance.
Des mains qui ont une irrépressible envie de dessiner, de modeler, d’entrer en contact.
Des mains qui possèdent leur intelligence propre sur laquelle on peut compter, qui accèdent à des réalités beaucoup plus profondes que l’intellect. D’abord, les laisser parler à leur guise et répondre ensuite par des mots. Des mots pleins, inspirés, guidés par le processus.
C’est une danse, un dialogue qui commence.
Je reconnais une part de moi-même dans la personne qui devient mon sujet ou mon amour, mais surtout, elle devient le pont par lequel je peux entrer en contact avec son évocation. Je discute avec cette part d’elle qu’elle assume et personnifie si bien, celle-là même que j’embrasse en moi-même.
Greta/Louise
Greta est le visage de cette jeune révolutionnaire que je connais depuis toujours, la défenseresse des justes causes, celle qui, lorsque révoltée, prend sa colère à bras le corps et fonce. Celle que j’étais toute d’un bloc à 10 ans, à 20 ans, celle que j’ai tenté de faire taire à 30 ans et à 40 pour éviter les douleurs de l’expérience et la rampante peur du jugement ou du rejet.
Toujours, Greta est revenue. Elle vit à l’intérieur de moi bien au-delà de sa cause. Elle est ma soif d’une vie digne pour moi-même et pour le monde.
Louise, la plasticienne, a ce besoin irrépressible d’illustrer son vécu émotif avec ses propres codes afin de mieux le digérer. Qui le fait sans égard aux courants ou aux modes. C’est aussi celle qui jamais ne baisse les bras pour garder son art vivant et transmettre son propre langage. Elle qui éclot pleinement dans ces années où la plupart des gens se fanent ou s’éteignent.
Elles sont mon passé, mon présent et mon futur. Elles sont un pont vers mon inconscient.
Elles sont mon canal, mon processus. Elles sont mon prétexte.
Le papier comme support principal
Née dans la forêt et fille de forestier,
nos fibres sont jumelles.
Entre les dessins de ma mère, les piles
de cartons de construction et l’écorce du bouleau, mes doigts l’ont touché, palpé,
frotté, gratté, déchiré, découpé, noirci, coloré. Il est le support de mes
premiers médiums, les dessins et les mots, mes arts fondateurs, les plus directs
liens vers mon inconscient.
Le papier pour sa pulpe, sa plastique,
son adaptabilité, sa couleur, sa matière.
Le papier, la matière basique.
Le Canal
C’est le passage par l’intériorité de l’artiste de quelque chose de bien plus grand que lui-même. À travers ses impressions, expériences et émotions, puis en empruntant ses talents, habiletés et connaissances, l’inspiration se fraie un chemin pour passer à travers lui, de sa source à sa destination, comme l’eau à travers le lit d’une rivière. La force est telle que les médiums, la forme des objets ou les images ne sont ici que véhicules, les sujets ne sont que purs prétextes. L’artiste, aussi bien que le spectateur, sont des outils.
Le Canal
C’est le passage par l’intériorité de l’artiste de quelque chose de bien plus grand que lui-même. À travers ses impressions, expériences et émotions, puis en empruntant ses talents, habiletés et connaissances, l’inspiration se fraie un chemin pour passer à travers lui, de sa source à sa destination, comme l’eau à travers le lit d’une rivière. La force est telle que les médiums, la forme des objets ou les images ne sont ici que véhicules, les sujets ne sont que purs prétextes. L’artiste, aussi bien que le spectateur, sont des outils.
Le Canal veut circuler librement et abreuver au passage celui qui la touche ou qui s’y baigne.
Autant lui donner libre cours.