lundi 21 octobre 2019

Tout est processus, le sujet est prétexte.

Comme dit le sage, ‘’tout portrait est un autoportrait’’.
On dit aussi que dans l’art, le plus intime touche à l’universel.

Comme dans l’amour, le choix du modèle commence par une attirance.
Des mains qui ont une irrépressible envie de dessiner, de modeler, d’entrer en contact.
Des mains qui possèdent leur intelligence propre sur laquelle on peut compter, qui accèdent à des réalités beaucoup plus profondes que l’intellect. D’abord, les laisser parler à leur guise et répondre ensuite par des mots. Des mots pleins, inspirés, guidés par le processus.
C’est une danse, un dialogue qui commence.

Je reconnais une part de moi-même dans la personne qui devient mon sujet ou mon amour, mais surtout, elle devient le pont par lequel je peux entrer en contact avec son évocation. Je discute avec cette part d’elle qu’elle assume et personnifie si bien, celle-là même que j’embrasse en moi-même.

Greta/Louise

Greta est le visage de cette jeune révolutionnaire que je connais depuis toujours, la défenseresse des justes causes, celle qui, lorsque révoltée, prend sa colère à bras le corps et fonce. Celle que j’étais toute d’un bloc à 10 ans, à 20 ans, celle que j’ai tenté de faire taire à 30 ans et à 40 pour éviter les douleurs de l’expérience et la rampante peur du jugement ou du rejet.
Toujours, Greta est revenue. Elle vit à l’intérieur de moi bien au-delà de sa cause. Elle est ma soif d’une vie digne pour moi-même et pour le monde.

Louise, la plasticienne, a ce besoin irrépressible d’illustrer son vécu émotif avec ses propres codes afin de mieux le digérer. Qui le fait sans égard aux courants ou aux modes. C’est aussi celle qui jamais ne baisse les bras pour garder son art vivant et transmettre son propre langage. Elle qui éclot pleinement dans ces années où la plupart des gens se fanent ou s’éteignent.

Elles sont mon passé, mon présent et mon futur. Elles sont un pont vers mon inconscient.
Elles sont mon canal, mon processus. Elles sont mon prétexte.

Le papier comme support principal

Née dans la forêt et fille de forestier, nos fibres sont jumelles.
Entre les dessins de ma mère, les piles de cartons de construction et l’écorce du bouleau, mes doigts l’ont touché, palpé, frotté, gratté, déchiré, découpé, noirci, coloré. Il est le support de mes premiers médiums, les dessins et les mots, mes arts fondateurs, les plus directs liens vers mon inconscient.

Le papier pour sa pulpe, sa plastique, son adaptabilité, sa couleur, sa matière.
Le papier, la matière basique.

Le Canal

C’est le passage par l’intériorité de l’artiste de quelque chose de bien plus grand que lui-même. À travers ses impressions, expériences et émotions, puis en empruntant ses talents, habiletés et connaissances, l’inspiration se fraie un chemin pour passer à travers lui, de sa source à sa destination, comme l’eau à travers le lit d’une rivière.  La force est telle que les médiums, la forme des objets ou les images ne sont ici que véhicules, les sujets ne sont que purs prétextes. L’artiste, aussi bien que le spectateur, sont des outils.

Le Canal veut circuler librement et abreuver au passage celui qui la touche ou qui s’y baigne.

Autant lui donner libre cours.





samedi 29 juin 2019

Greta 7: Vivre












Reprendre son souffle

Regarder l'avenir en face
Aller de l'avant
Prendre sa place
Vivre avec enthousiasme
Respirer
Encore, toujours.






mardi 25 juin 2019

Greta 4: Alice au miroir






Ce qu'il faut de courage
pour accepter de se voir
tel que la vie nous a fait
Ce qu'il faut d'abandon 
pour se soumettre aux mouvements
de sa condition intérieure
Ce qu'il faut de confiance
pour continuer de vivre
devant le constat
d'une aussi parfaite
imperfection.

Dessin sur panneau marouflé
1m30 x 1m10
+ miroir



samedi 22 juin 2019

Greta 8: De l'espace pour la vulnérabilité



Le blanc dans les tableaux
les retraits dans la vie
les hésitations les doutes
les peurs les pleurs
tout n'est pas certitude
heureusement
J'aime mes doutes
parce qu'ils me rendent meilleure
me rendent plus adaptable
et ouverte

Les dessins comme les actions
se déploient dans
ces espaces
on les voudrait parfaits
on les voudrait silences
Il y en a même parfois
que l'on voudrait voir effacés
complètement
Les accueillir
en moi et sur le support
apprendre à les aimer
se lancer dans ce vide

Ne plus hésiter 
à hésiter. 

Greta 6: Démarche humaine


Ma démarche artistique:
ma démarche d'humaine.

Dessin sur panneau,
1m30 x 2m


dimanche 16 juin 2019

Greta : Intégrité et expression


































Elle ne cherche pas à plaire
Elle regarde le monde
avec toute la force
de son intégrité

Elle s'était enfermée
dans le mutisme
parce que les gens autour
étaient réfractaires
à ce qu'elle ressentait
Puis elle l'a exprimé
et le monde a changé

Plâtre 
50 x 45 x 35cm





samedi 15 juin 2019

Alex : L'intégrité












La petite la pure la directe
Juste elle, sans masque
Rien à prouver
Est elle-même a sa propre vision
exempte de stratégie, franche de ses actions
volonté non voilée, en réalité sa nature.

Cinquante mois de vie
elle est déjà au faîte
de sa potentialité.

Dessin sur panneau marouflé
1m30 x 60 cm

vendredi 14 juin 2019

Jana : L'art comme digestif à émotions


L'art comme digestif
à émotions
Qui permet à Louise
de représenter sa mère
comme une grande araignée
bienfaitrice
sans la heurter
À Jana d'offrir au monde
le parfum le plus intime
de son amour
sans le galvauder
Qui enlève ce filtre
qui nous éloigne
de notre plus profonde
humanité
Une humanité nue,
sublime.
Dessin sur panneau
1m30 x 1m30

jeudi 13 juin 2019

Louise 6 : La question du choix

La question du choix:
Un artiste doit pouvoir choisir
C'est son travail
Mais aucun choix ne tient
Vraiment

Puiser à même le magma 
de son inconscient
Laisser sa main travailler seule
Regarder comme un spectateur 
Ce qu'elle apporte
De connaissance sur soi
Sur l'humanité

Le sujet happe mon oeil
Il connecte avec la partie enfouie
Comme dans l'amour
Une connivence d'esprit
Je ne dessine pas un visage 
Parce qu'il est esthétique
Je le dessine parce qu'il me parle.

Dessin sur panneau
1m10 x 1m10



mercredi 12 juin 2019

Louise 5 : Créer avec notre être



































On crée avec notre être
Avec ce que l'on est

On construit à partir de 
cette matière brute
Que contient notre intériorité.

Résine 50 x 35 x 30 cm





lundi 10 juin 2019

Louise 4 : Dis moi aussi

















Dis moi aussi
une fois ton choix fait
Comment gardes-tu la flamme bien allumée
jusqu'à la fin 
sans t'égarer
dans tes autres idées
à travers tes 
nouvelles pensées?
Comment aprofondir 
sans tout changer
en cours de route?

Dessin sur panneau marouflé
1m10 x 1m10

Louise 3 : Dis moi Louise






















Dis moi Louise
Comment fais-tu pour choisir?
N'as-tu pas aussi toutes ces idées
qui se bousculent dans ta tête?
Comment arrives tu à choisir entre tous ces chemins?
Il y a tant de choses à dire et
tant de façons de les exprimer, comment les mettre
en ordre d'importance?
Dessin sur panneau marouflé
1m30 x 1m30

dimanche 9 juin 2019

Louise 2 : Louise ma chère Louise



















Louise ma chère Louise
Que fais-tu de l'amour
Que fais-tu de ta colère
Que fais-tu de tes peurs
Louise tu avances et exprimes
Le paysage venu de ton ventre
Sans perdre le fil
Et sans perdre de temps.


Dessin sur panneau marouflé
1m80 x 1m30

samedi 8 juin 2019

Louise ma chère Louise, intro






Un simple dessin.

Des lignes, des traits, des ombres et des lumières.
Ce que l'on croit voir en fait, n'est qu'un écran qui cache toute une vie intérieure: des joies, des colères, des peurs, des questionnements, des doutes, des déchirements.


Comme si le tatouage était l'être.





Tout a commencé par Louise Bourgeois, cette grande exploratrice de l'expression de ses mondes intimes. J'en ai fait un petit dessin juste pour moi, d'abord pour l'invoquer comme une divinité, puis j'ai continué à dessiner pour la questionner, jusqu'à ce qu'elle se mette à me parler en retour.

Nous avons discuté de tout: comment garder bien vivant ce mince fil qui nous garde connecté intimement à notre oeuvre, que faire des émotions qui nous déséquilibrent, de l'amour, de la peur, des révoltes, du temps qui passe, de sa division créée par l'argent à gagner ou autres pressions intérieures ou extérieures.

Mes dessins ont grandi, les techniques ont évolué. Mes papiers sont devenus des grands
panneaux marouflés et toutes ces questions sont devenus ma quête. Louise s'est multipliée et est devenue un des éléments de mon totem intérieur, des facettes de moi je présume.
Jana Sterback, Greta Thunberg, Miriam Cahn sont venues à travers mes mains.  Nous avions aussi bien des choses à nous dire. Elles ont en commun l'intégrité, la force, l'équilibre, l'expression, une certaine forme d'anarchie aussi peut-être.
Elles ne parlent qu'avec sincérité.
Elles arrivent à exprimer ce subtil monde qui les habite, chacune à leur façon et elles sont devenues sans le savoir le canal de l'expression du mien.

Parce qu'un dessin n'est jamais qu'un simple dessin. Il parle avant tout de celui qui l'a fait. Il est le reflet d'un monde à exprimer, rarement compris en dehors de son aspect extérieur, de son esthétisme.


Geneviève LeBel

Les feux de profondice

On m'a appris la superficialité
la profondeur je la connaissais déjà
maintenant je nage en surface
je m'aplatis jusqu'à n'être qu'une
fine couche de peau
comme si le tatouage était l'être.
Le tatouage n'est que surface
décoration tableau mural de l'âme.
Cachés derrière les couches
de béton du mur de béton
de la brique du mur de briques
de la pierre du mur de pierres
derrière la coquille de ces murs
le feu la braise l'oiseau
sa cage ouverte et puis son chant
le soleil l'infini l'espace le temps
la pluie le grand-père et l'eau fraîche de la rosée.
Derrière il y a la lune et l'oliphant
Derrière je joue de la trompette et je m'éveille en te caressant.

On m'a appris la superficialité
la profondeur je la connaissais déjà
maintenant je nage en surface je m'aplatis jusqu'à n'être qu'une
fine couche de peau
comme si le tatouage était l'être
comme si le tatouage était l'être.

La chance
La chance d'être là d'être ici enfant pour toujours dans cette danse de l'imaginaire
la chance que j'ai d'avoir accès à l'éternel de mon vivant
J'y entre j'y sors comme dans un moulin
je retourne dedans et j'y moud mon grain.
Quelle chance j'ai d'accéder à l'éternel parce que j'y crois que je le vois que je le sens
dans toutes mes pores dès que je lui laisse m'effleurer les sens et la raison.
Quelle chance j'ai d'accéder à toute cette vie
d'avoir tiré le gros lot de l'immensité confort maison
chaleur même en hiver où je suis née et où
j'ai porté mes premières mitaines
Quelle chance j'ai
Quelle chance j'ai même un pyjama
La chance d'être là d'être ici enfant pour toujours.

Je me projette comme dans une fusée parce que
toutes les portes de mon ciel sont ouvertes.

Quelle chance
Les trous du ciel mènent à la lumière.
La beauté du moment
le précieux de la tristesse
le généreux de la joie.

Créer des moments
Récolter des moments
Répandre des moments
Offrir des moments
Étirer des moments
Faire jaillir des moments
Illuminer des moments

Je voudrais que ma pierre tombale
soit suspendue à un ballon
et ne touche pas terre.

J'ai laissé mon aplatissement
mon aplaventrisme mon terre-à-terreur
mon aigreur ma négritude de servitude
mon boulevard Charest de poussière
ma grisaille mes devoirs la viande de porc
mon corps de surface mon élongation musculaire
mon lumbago mon winnebago
ma vaisselle mon beau-frère pis son jeep.
J'ai laissé mon numéro de téléphone à l'entrée et
je suis entrée toute nue dans le pavillon de la poésie pure.
Ici le temps ici l'esprit ici l'espoir l'espérance le vivant.
J'ai laissé ma peau de surface au vestiaire et
tu me vois chair tu me vois ventre tu me vois éther.
Tu me vois.

Vous êtes des pensées vous êtes des sentiments vous êtes des émotions vous êtes à l'intérieur vous êtes de l'intérieur vous vivez ensemble à l'intérieur vous êtes distinctes mais en interaction vous bougez chacune à votre façon mais vous êtes attachées vous êtes interaction vous êtes vous êtes vous êtes.
Vous êtes des pensées vous êtes des sentiments vous êtes des émotions vous êtes.

Je réclame le droit de briller le droit de grandir
le droit d'ensoleiller d'éclabousser
de brûler d'éclater de jouir
Je réclame un grand rassemblement au bord de l'eau
au-dessus duquel nous ferons exploser
tous mes feux de profondice.