jeudi 25 janvier 2018

La mort n'est qu'un état

Mourir n'est qu'un état, huile sur panneau de bois, 24" x 30'', Galerie Tommy Zen jusqu'au 10 mars 2018


































L'atelier le siège du processus
De l'apprentissage de la mort
et de la renaissance
Dans l'abandon les doutes
J'ai peur de ce tableau que je dois affronter et
du suivant et de l'autre ensuite
Je résiste
Je vais me briser peut-être
J'ai peur du ciel comme
un mouton laissé au champ pendant la nuit
Je dois m'abandonner dans les bras de mon tableau
pour accueillir ce qu'il me porte
en échange de ma bravoure
Je sais maintenant que je suis mortelle.

On sait que la peur est un sentiment que l'on se doit d'affronter si l'on veut avancer. 
On s'accroche parfois à des techniques ou à une façon de voir parce qu'on s'y sent à l'aise ou parce qu'on est "un pro", pas question donc de montrer qu'on n'est pas en pleine possession de ses moyens. Dans l'art comme dans la vie, on ne montre pas facilement sa vulnérabilité.

Avec ce tableau, j'ai brisé ces tabous qui avaient germés en moi et qui, je le sentais bien, grandissaient. J'avais peur du noir. Je n'utilisais plus aucun noir dans ma peinture, jamais. Comme dans l'aquarelle, j'avais peur de perdre la lumière. Je ramenais toujours tout au blanc, pas question de la perdre. Pour moi, elle devait partir du fond et résister à tous les coups de pinceaux jusqu'à la surface. 
"Je ne suis pas peintre" disais-je, et c'était vrai. Venue du monde du dessin/croquis, le seul élan qui trouvait grâce à mes yeux était le tout premier jet. Peur de perdre l'élan, comme si je m'étais cru incapable de renouvellement. Je voulais des tableaux dessinés. 
Disons-le franchement, derrière ma confiance en moi se cachait une peur bleue de la mort. J'ai donné un grand coup de pied dans toutes ces peurs. J'ai accepté de reculer pour mieux repartir. J'ai accepté de désapprendre tout ce que je savais. .

J'ai repris tout depuis le début, déposé l'acrylique et l'aquarelle un temps, choisi l'huile comme matériau parce que tout s'y balaie et retourne au gris en quelques coups de pinceaux. Toutes mes craintes en un seul médium.
Puis, j'ai appris que de rien on renait.
Ce n'est pas triste, au contraire c'est merveilleux.
Je me suis surprise à prendre un grand plaisir à tuer, moi la colorée pacifiste. De mon atelier, on a certainement entendu des grands éclats de rire sur tout l'étage.

Je ne suis plus la même personne ni la même artiste désormais. 
Je n'ai plus peur. 

Et maintenant je peins.
Quelques uns des "états" qu'a traversé le tableau.


































Ce tableau, je ne pensais jamais l'exposer. Ici, seul le processus m'intéressait.  C'était un corps à corps avec moi-même, un journal très intime.
C'est entre deux renaissances qu'il fût interrompu. La galeriste France Cantin l'a intercepté pour l'exposition collective "L'Atelier" présentée à la galerie Tommy Zen du 11 janvier au 10 mars 2018. Je crois qu'elle y a perçu un processus important et elle avait raison, c'est même le plus crucial que j'ai vécu jusqu'à maintenant dans ma vie adulte. Jusque là, j'étais une enfant artiste. 
Je ne suis plus aussi innocente. 
J'ai entâmé un dialogue avec mon travail qui fait maintenant partie de ma vie et ce, à travers tous les médiums que je touche. Ma perception de la vie a également changé. Je me sens plus incarnée, plus mortelle, plus vraie. 
Je savourais la vie, j'en ressens maintenant mieux tous les aspects.  

Voir ici l'article sur l'exposition chez Tommy Zen.

2 commentaires:

  1. Tu es devenue celle qui était en toi! C'est magnifique!
    Dominique

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  2. Très beau. C'est un passage initiatique d'une grande spiritualité. Merci de le partager.

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